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homme d’affaires habile et réfléchi parle de droits protecteurs.

Nous ne pensons pas avoir moins de titres à l’approbation de la noblesse, riche ou pauvre, de l’Allemagne. Nous lui avons montré qu’elle a été en partie appauvrie, ruinée même par ses frères d’Angleterre, les tories, et que nous, les industriels et leurs organes, nous avons rétabli ses affaires par nos efforts durant la dernière période décennale ; nous lui avons prouvé qu’à elle revient la portion la plus considérable et la meilleure du miel que nous portons à la ruche ; que nous travaillons en effet à l’accroissement de ses fermages et de la valeur de ses propriétés ; que nous lui donnons les filles de nos plus riches industriels, et qu’ainsi, après avoir vu se fermer par la suppression des abbayes, des évêchés et des archevêchés, les sources où elle trouvait son bien-être et les moyens de pourvoir ses cadets et ses filles, elle est par nous largement indemnisée. La noblesse allemande n’a besoin que de jeter un regard sur la noblesse anglaise pour reconnaître les avantages que la richesse du pays, un grand commerce extérieur, une navigation marchande, des flottes, des colonies, pourraient et devraient lui procurer. Ce qu’on devient, au contraire, avec une agriculture grossière, une bourgeoisie mendiante et privée de droits, le servage des paysans, une noblesse placée au-dessus des lois, le système féodal et toutes ces merveilles que des laudatores temporis acti[1], nés en haut lieu, rêvaient encore dans ces derniers temps, un simple coup d’œil sur la noblesse de Pologne et sur sa condition actuelle peut l’apprendre. Que la noblesse allemande n’envisage donc pas dorénavant nos efforts d’un œil d’envie ou de haine. Qu’elle devienne parlementaire et avant tout nationale ; au lieu de se poser comme notre adversaire, qu’elle se mette à la tête de notre mouvement national ; c’est là sa vraie mission. Partout et en tout temps les époques les plus heureuses pour les nations ont été celles où la noblesse et la bourgeoisie ont travaillé de concert à la grandeur nationale ; les plus tristes, celles

  1. Admirateurs des temps passés.