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gie de la Commune, ayant rencontré, revêtus d’habits civils, deux de ses collègues X et X, les plus empanachés pendant le siège, les apostropha durement, menaçant de les faire fusiller s’ils ne se rendaient dans leurs arrondissements pour y soutenir la résistance. Dans le bureau du délégué, deux ou trois officiers de sang-froid faisaient le calme, expédiaient des ordres, donnaient des signatures. Un d’eux, X, jeune homme impassible, se faisait remarquer par sa présence d’esprit véritablement admirable, parlant peu et faisant face à tout.

Beaucoup d’officiers supérieurs et même de simples gardes entouraient la table. Nul discours, mais des conversations par groupe. L’espoir était absent, mais le courage restait. Delescluze ne se soutenait que par la volonté. Les souffrances de la prison de Vincennes, les angoisses de ces derniers jours avaient brisé sa santé. Depuis le mois d’avril, sa voix avait totalement disparu. Usé, cassé, blanchi, moribond, le regard et le cœur étaient seuls vivants chez lui.

Nous descendîmes au premier étage, et dans la fameuse chambre bleue, gardée par des sentinelles, nous vîmes Dombrowski mort, étendu sur un lit, dans son uniforme, pantalon et tuni-