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cédé d’un drapeau rouge ; quelques gardes suivaient la civière. Tout le monde se découvrait, les fédérés accouraient des rues voisines. Alors seulement on commença à connaître à l’Hôtel de ville l’occupation de Montmartre et les dangers de la position.

Sur la rive gauche, le général Cissey avait pris d’assaut, dès le matin, la gare Montparnasse, après avoir tourné, par le carrefour de la Croix-Rouge, la rue du Dragon et la rue de Taranne, les batteries de la rue de Rennes. Toujours même manœuvre ; — les fédérés se fortifiaient aux extrémités des grandes voies ; les Versaillais, se gardant bien de leur faire face, attaquaient les rues latérales moins défendues, moins préparées, et prenaient à revers l’ouvrage principal. Les troupes descendirent ensuite, sur trois colonnes, les rues Jacob, de l’Abbaye, Gozlin, jusqu’à la barricade de la place de l’Abbaye. Le combat durait depuis deux heures et demie environ, quand des habitants du quartier prévinrent les marins qu’on pouvait tourner les défenses par le jardin de l’Abbaye. Les fédérés, pris dès lors à revers, durent évacuer la barricade. Dix-huit d’entre eux, qui refusèrent de se rendre, furent massacrés sans pitié. De la place de l’Abbaye, les Versaillais, se divisant, gagnè-