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Le Comité de salut public était installé à droite, dans la série de pièces qui regardaient sur la place. A gauche, toutes les pièces qui donnaient sur le quai, appartenaient à la guerre. Chacun venait y chercher des instructions. Les messagers arrivaient de tous les points de la lutte. Une délégation d’officiers des garnisons de Montrouge et de Bicêtre put à grand’peine parvenir jusqu’au délégué ; ordre fut donné de tenir jusqu’à nouvel avis. Un grand nombre de gardes et d’officiers, courbés sur de longues tables, expédiaient les ordres et les dépêches, au milieu d’un bourdonnement continuel. Les cours intérieures étaient pleines de fourgons, de prolonges, de voitures ; les chevaux mangeaient ou dormaient dans les coins, prêts à partir. A chaque instant, on recevait et on envoyait des munitions. Les estafettes.entraient et sortaient bruyantes ; nulle part le moindre signe de découragement, partout une activité presque gaie.

Nous remontâmes la rue Saint-Antoine. A chaque coin, des groupes ébauchaient les barricades. Tout passant était requis, non pas violemment, comme on l’a dit. "Allons, citoyens, un coup de main pour la République." C’était tout. A la Bastille et sur les boulevards