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voyait, à la lueur du gaz, briller les canons de fusils et les reflets du drapeau rouge. Peu nombreux, 200 peut-être par bataillon, mais déterminés, les hommes marchaient silencieux, prêts à la mort. D’autres bataillons encombraient les trottoirs, prenant leur repas à la hâte ; ailleurs, le clairon et le tambour rassemblaient les hommes ; les officiers parcouraient les groupes, distribuant des paquets de cartouches ; les braves petites cantinières circulaient, fières de courir les mêmes dangers que les hommes, car les Versaillais ne les épargnaient pas. La première impression avait été terrible : on avait cru les troupes au coeur de Paris ; puis la lenteur de leur marche avait donné quelque espoir ; on s’était tâté ; les moins braves étaient rentrés, ignorant qu’il n’y aurait de quartier pour personne ; les combattants sérieux étaient debout. On ne doit pas évaluer leur nombre au delà de 12,000 pour les sept jours.

On vit alors, le fusil sur l’épaule, beaucoup de citoyens qui avaient déploré les intempérances et les maladresses de la Commune et dont les conseils avaient été écartés. Mais il s’agissait bien à cette heure de ce gouvernement périssable ! Ce mot circulait déjà derrière les barricades : " Il n’y a plus maintenant de