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de l’Etoile et la brigade répandue dans les Champs-Elysées, accablaient de projectiles les ouvrages de la place de la Concorde, qui ripostaient vaillamment.

La nuit vint sans interrompre les détonations de l’artillerie et de la fusillade. De rouges clartés s’élevèrent dans la rue de Rivoli et dans la rue Royale. C’étaient le ministère des finances et la rue Royale qui brûlaient. Le ministère des finances avait reçu toute la journée le feu d’une batterie versaillaise établie aux Invalides. L’incendie, allumé par un obus, avait été éteint une première fois par les pompiers de la Commune. Ils n’en furent pas moins accusés d’avoir "fait flamber finances," en vertu de ce principe que les obus des conservateurs jouissaient du privilége de ne pas causer d’incendies.

L’Assemblée nationale décréta dans la journée que les armées de terre et de mer avaient bien mérité de la patrie.

A huit heures, nous rencontrâmes Delescluze dans la rue de Rivoli. " Si nous pouvons passer la nuit, dit-il, il y a quelque espoir ; on se remet de la première surprise, les bataillons descendent." En effet, en ce moment, les bataillons défilaient dans le boulevard Sébastopol, musique en tête, se dirigeant vers l’Hôtel de ville. On