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tème de barricades, on obtient une seconde enceinte aussi formidable que la première. Là on pouvait attendre et défier M. Thiers. Un troisième siège, et cette fois du coeur de Paris, était moralement et matériellement impossible sous le feu de Montmartre, ce Mont-Valérien de l’intérieur. Mais les délégués à la Guerre rêvaient de faire campagne, et ce plan de défense modeste mais assuré ne cadrait guère avec leurs prétentions. Une commission des barricades fut bien nommée au mois d’avril, mais sans vue d’ensemble, sans direction persistante, et considérée comme une partie accessoire de la défense, elle abandonna la conduite des travaux à un fantaisiste qui, commençant par la fin, fortifia tout d’abord l’intérieur de Paris. Pendant qu’il élevait, à la grande joie des badauds, les forteresses secondaires de la rue de Rivoli et de la rue Castiglione, les points véritablement stratégiques du Trocadéro, de l’Arc de Triomphe, de la butte Montmartre, etc., restaient à peu près dégarnis. Les travaux de cette troisième ligne furent eux-mêmes conduits avec la plus déplorable mollesse ; les fortifications de la place de la Concorde n’étaient pas terminées le 22 mai ; la barricade de la rue Royale n’était qu’aux trois quarts faite, la terrasse des Tuileries à peine fortifiée.