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belles armées que la France ait jamais eues » avait poussé en ce moment sur l’Hôtel de ville et Montmartre, elle eût d’un seul bond conquis toute la ville. Dans les groupes abusés on racontait les engagements heureux de la veille au bois de Boulogne. Le canon se taisait partout,

A onze heures, on sut au ministère de la guerre, d’une façon positive, l’entrée en masse des Versaillais. L’état-major n’y voulait pas croire et affirmait, avec son ignorance et sa vanité habituelles, qu’il ne s’agissait que d’un détachement, que les envahisseurs étaient perdus, qu’ils allaient être enveloppés et faits prisonniers. Cependant, à une heure, le doute ne fut plus possible. On entendait le bruit de la fusillade engagée au Trocadéro. Cette importante hauteur, qui commande les deux rives, n’était protégée que par un ouvrage ébauché à l’entrée de l’avenue de l’Empereur, tournant ainsi le dos aux Versaillais. Ceux-ci, déployés en tirailleurs, surprirent les fédérés. À cette attaque imprévue quelques gardes résolus répondirent par un feu roulant, mais l’immense majorité se débanda. On vit bientôt les hommes s’éparpiller par groupes de quatre ou cinq dans les rues du faubourg Saint-Germain. Vainement