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Non plus que Cluseret, Delescluze ne put parvenir à rassembler les canons ni même à connaître le nombre d’artilleurs véritables dont la Commune disposait. — Il eût été pourtant bien simple de ne payer que les canonniers à leurs pièces. — Les rapports militaires ne parvenaient au délégué que d’une façon intermittente. Les services fonctionnaient en dehors de son action, sous la dépendance du Comité central, seul administrateur de la garde nationale, et ce dernier, à deux pas du délégué, souvent sans prendre son avis, tranchait les questions à sa guise. Délégués, généraux, chefs de légions, chefs de bataillons, chacun, sur le même sujet, donnait des ordres différents. En attendant, les remparts restaient à peu près sans gardes, et Delescluze, qui, incapable de mensonge, avait une égale confiance dans la parole d’autrui, publiait de bonne foi les rapports fantaisistes que des états-majors indignes puisaient dans leur imagination. Ainsi, le 20 au soir, le bureau de la Guerre communiquait aux journaux la dépêche suivante :

« Midi, Petit Vanves. »

» Les garibaldiens ont mis en fuite les ruraux. Nous avons eu encore l’avantage du côté de Clamart. »