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lui étaient trop familiers. Il eut tort, entièrement tort. Avant d’accepter, il avait pu se rendre un compte exact de la situation, ayant été le chef d’état-major de Cluseret.

Dès lors le chaos s’épaissit. Beaucoup dans la Commune s’écrièrent qu’elle venait d’échapper au grand danger de la dictature militaire, et symptôme de leur incapacité politique, beaucoup en furent convaincus. D’un commun accord on nomma un délégué civil, et l’on supprima toute direction militaire, au moment même où l’on périssait faute de direction. Le pouvoir retombait dès lors entre les mains du seul organisme existant, le Comité central. Delescluze, imposant par l’intégrité de son caractère, mais absolument incapable de contrôle, se perdant dans les détails et d’une grande faiblesse sous une apparente raideur, fut nommé à la Guerre. Son chef d’état-major, le colonel X, se créa des difficultés avec les commandants de corps d’armée. Un mandat fut lancé contre lui par la préfecture de police. Delescluze laissa faire. Moins débonnaire, le colonel X montra aux commissaires chargés de l’arrêter une dizaine de grands gaillards bien décidés à ne pas laisser emmener leur chef, puis, les ayant fait dîner, il les renvoya fort échauffés.