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La cour martiale s’est empressée de reconnaître que M. Moilin s’était point recherché pour un semblable fait. Il a été arrêté dans la soirée du 27 mai, chez lui, rue de Seine. Conduit immédiatement devant la cour martiale, qui siégeait au Luxembourg, il a été jugé et condamné à être passé par les armes. Le tout a duré quelques minutes à peine, moins de temps que l’on en met à le raconter.

Un seul fait fut reproché à M. T. Moilin : celui de s’être, le 48 mars, emparé de la mairie de son arrondissement, et d’avoir ainsi contribué à donner le signal de l’insurrection. On lui représenta une sorte de décharge donnée par lui, ce jour-là, à M. Hérisson, le maire qu’il avait remplacé. Aucun témoin ne fut entendu.

T. Moilin convint du fait incriminé ; il ajouta qu’il avait exercé les fonctions de maire pendant deux jours à peine ; qu’au bout de ce temps, peu d’accord avec les hommes de la Commune, il avait cessé volontairement de paraître à la mairie, où il avait été aussitôt remplacé.

Il dit aussi qu’il avait été entraîné à cet acte presque malgré lui, par des gardes nationaux de son quartier ; que, depuis, il avait constamment refusé les candidatures et les emplois qui lui avaient été offerts, et n’avait participé en quoi que ce fût aux actes de la Commune, bien moins encore aux deux crimes reprochés aux insurgés ; qu’il s’était borné à faire un service médical, à secourir des malades et des blessés.

La cour martiale demanda compte à Moilin de son temps et de ses actes depuis le jour de l’entrée de l’armée de Versailles dans Paris. Il répondit que, signalé depuis longtemps, notamment par le procès de Blois et par ses écrits, comme l’un des chefs du parti socialiste, ayant à répondre de la prise de possession

    seul réfractaire. » Le démenti le plus catégorique fut donné à cet égard par le Président du 4e conseil de guerre de Versailles, répondant à des accusés qui prétendaient avoir été contraints de marcher sous peine de mort.