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nyme. Elle n’a pas de chefs, pas de meneurs. On demande où étaient les grands hommes du 18 mars. Il n’y en avait pas[1]et il est inu-

  1. C’est pitié cependant que de voir des Gaveaux sourire de la Commune. Certes, dans le tumulte d’élections improvisées, grâce aux camaraderies coupables et aux défiances exagérées, beaucoup d’intrigants surprirent un mandat dont ils étaient indignes, et ceux-là disparurent au jour du danger, C’est le sort inévitable de toute révolution naissante, et si la Commune avait pu développer en paix son organisme ; elle aurait dans la suite rejeté toutes ces scories. Et cependant, cette pâle représentation de la classe ouvrière compta, toutes proportions gardées, plus d’hommes de valeur que bien des Assemblées. Tous les rouages administratifs de Paris étaient désorganisés, les employés ayant fui à Versailles ; il fallait remonter en quelques heures cette immense machine, sous peine de voir la vie suspendue dans la cité. Les hommes dits spéciaux, auraient reculé d’épouvante devant une telle besogne ; ces premiers venus l’entreprirent sans sourciller. A force de travail et de volonté, ils surent en un instant rétablir tous les services : état civil, voierie, eaux, marchés, éclairage, égouts, pompes funèbres, hospices, bibliothèques, archives, musées, etc., etc. Où étaient en 48 les capacités ouvrières ? En 1871, elles surgissent de tous côtés. Du jour au lendemain, un travailleur se révéla capable de diriger avec habileté les postes, les télégraphes, la Monnaie, l’imprimerie nationale, la manutention, etc., toutes fonctions dévolues par la bourgeoisie à ses plus habiles mandarins de première classe, et le seul budget