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çaise cent échelons plus bas que Juin 48. Vingt-deux ans de plébiscites et de transformations économiques n’ont pu ouvrir ni ses yeux ni ses oreilles. Elle n’a rien appris et a tout oublié. Elle est sortie des massacres de Paris comme du cinquième acte d’un drame. Ses fils sont retournés à leurs plaisirs de brutes, ses filles aux obscénités de leurs théâtres et de leurs romans. Le 18 mars n’est pour elle qu’un accident, un fait de hasard, tout au plus une conspiration ; la résistance acharnée de Paris, le râle de quelques scélérats ; l’Internationale, un carbonarisme ouvrier. Le mauvais sang est tiré, tout est fini, tout va rentrer dans l’ordre. Ainsi, au sortir de ces fêtes du cirque, où des milliers de cette secte nouvelle, composée d’esclaves et de femmes, avaient été broyés sous la dent des bêtes, la vieille société romaine, reprenant le chemin de ses débauches, se racontait qu’elle venait de voir les derniers Galiléens.


Juin 1848 a duré trois jours, la Commune de 1871 deux mois. L’avènement graduel, irrésistible des classes ouvrières, tel est le fait culminant du XIXe siècle. Ce siècle est celui des ouvriers, a dit M. Gladstone.

Et M. Thiers, après l’écrasement des ou-