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mine que dans les cafés. On les voyait, à cinq heures, venir prendre l’absinthe sur les boulevards, à cheval, quelquefois suivis de leurs ordonnances. La presse, indignée, les dénonça à la Commune, aux délégués à la Guerre. Un ordre de Rossel prescrivit un examen et une révision des titres ; mais ce délégué n’eut pas le temps d’accomplir sa réforme. Plus radical, le Comité de salut public fit opérer un soir une razzia dans les restaurants de filles. Le 22 mai, ils disparurent, eux et leurs uniformes ; on en vit bien peu derrière les barricades.

Les vivres ne manquaient pas, grâce aux approvisionnements antérieurs, mais le gaspillage fut considérable. Un instant, Varlin, esprit net et rigoureux, dirigea la manutention ; le Comité central l’élimina. L’organisation médicale fut pitoyable ; là où il fallait des hommes spéciaux, on bombarda les premiers venus sans leur faire subir le moindre examen préparatoire. En revanche, les plus capables furent souvent écartés. Un républicain dévoué à la révolution du 18 mars, qui avait desservi pendant la campagne une des plus grandes ambulances de l’armée du Rhin, vint s’offrir à la Guerre, et se vit préférer de bruyantes nullités.

Il faut tout dire. Dans les commencements