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Helder, rendez-vous des officiers, plusieurs d’entre eux furent insultés. Eue de Rennes, rue de la Paix, place de la Madeleine, des soldats, des officiers tombèrent frappés par des mains invisibles ; près de la caserne de la Pépinière, on tira sur un général. A défaut d’armes à feu, on se servit de flèches. Les journaux versaillais s’étonnaient avec une impudence naïve que la fureur populaire ne fût pas calmée, et ne comprenaient pas « quelles raisons même futiles de haine on pouvait avoir contre des troupiers qui avaient bien l’air le plus inoffensif du monde[1]. » Et des milliers de familles pleuraient leur père ou leurs enfants, et des milliers pourrissaient à Versailles, à Satory, sur les pontons, et dans certains quartiers de Paris on vendait des dents d’insurgés !

La gauche, dite radicale, ne trouva ni un geste pour arrêter les massacres, ni un cri pour les flétrir, ni un mot de protection pour les prisonniers. Le 18 mars, au lieu d’accourir à Paris son poste véritable, elle l’avait déserté pour s’enfuir à Versailles. Elle aurait pu grouper la classe moyenne, sympathique à la Révolution

  1. La Cloche.