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Presque à la même heure, M. Thiers adressait aux préfets et à toutes les autorités civiles et militaires, la circulaire suivante à afficher dans toutes les communes :

« Versailles, 21 mai, 7 h. 30 du soir.

» La porte de Saint-Cloud vient de s’abattre sous le feu de nos canons. Le général Douai s’y est précipité et il entre en ce moment dans Paris avec ses troupes. Les corps des généraux Ladmirault et Clinchant s’ébranlent pour le suivre. »

Cette dépêche était rédigée, on le voit, de manière à flatter l’amour-propre des troupes. M. Thiers ne voulait pas avouer que l’entrée dans Paris était due à une simple surprise. Depuis, continuant ces fanfaronnades, il a couvert de fleurs l’armée de Mac-Mahon. « Elle s’est révélée aux yeux du monde, » a-t-il dit à la Chambre. « Les généraux qui ont conduit l’entrée à Paris sont de grands hommes de guerre ». Et il l’a passée en revue sous les yeux des Prussiens, victorieux et gouailleurs. Il n’est pas nécessaire d’attendre le jugement de l’histoire pour faire justice de ces exagérations.

La Commune n’eut point d’armée véritable,