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tranchées et la consolation aux mourants, puis au jour du désastre quand tout sembla perdu, s’élancer au devant de la mort libératrice, comme leurs ancêtres,

Désespérées de mettre au jour des malheureux.

On avait vu à ces enterrements prodigieux de la Commune — quand, sur les boulevards, Voie sacrée de la Révolution, les catafalques aux trente cercueils, drapés de rouge, en longue file, flottaient silencieusement au-dessus de cent mille têtes nues, annoncés de loin en loin par le roulement lugubre des tambours noirs et les musiques sourdes éclatant par intervalles comme l’explosion involontaire d’une douleur trop contenue — on avait vu, droites et stoïques, les veuves d’aujourd’hui, soutenues par celles de demain, ces nobles Parisiennes suivre du même pas, sans larmes, les bataillons aux fusils renversés. — Et les plus incrédules comprirent alors que la Révolution était à tout jamais assise au foyer. Quand le général de la Commune Duval vint à la tête de ses troupes s’emparer de la mairie du 1er arrondissement, gardée par les gens de l’ordre, il leur dit ce grand mot qui fit tomber leurs armes : « Croyez-moi, vous ne pouvez