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halte et ordonna à ces malheureux de se mettre à genoux. Pendant ce temps, une tourbe infâme les couvrait d’injures et criait : « Fusillez-les ! » Le moindre signe d’opposition de la part des prisonniers entraînait la peine de mort immédiate ; ils étaient abattus sur le chemin, surtout à coups de revolver. Près du parc Monceaux, on expédia ainsi un couple, mari et femme. La femme refusait démarcher, demandant qu’on la fusillât sur-le-champ. On lui tira vingt coups de revolver, mais elle ne tomba morte qu’à la seconde décharge.

Le correspondant du Times vit au coin de la rue de la Paix, un prisonnier s’asseoir et refuser d’aller plus loin. Après plusieurs essais pour le contraindre, un soldat, perdant toute patience, le piqua à deux reprises de sa baïonnette, en lui ordonnant de se lever et de reprendre sa marche avec les autres. Comme on devait s’y attendre, il ne bougea pas. Alors on le saisit, on le mit sur un cheval. Il se laissa tomber. On l’attacha à la queue de l’animal qui le traîna, et il s’évanouit à force de perdre du sang. Réduit enfin à l’impuissance, il fut lié sur un wagon d’ambulance et emmené au milieu des cris et des malédictions des bourgeois.

Au boulevard des Italiens, un cortège de 500