Page:Lissagaray - Les huit journees de mai, Petit Journal Bruxelles, 1871.djvu/211

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cutés, à l’avenir, les gens condamnés à la peine de mort par la cour martiale.

» Toutes les fois que le nombre des condamnés dépassera dix hommes, on remplacera par une mitrailleuse le peloton d’exécution. »

Huit jours après seulement, vers le 16 juin, le Journal Officiel déclarait que tout journal qui reproduirait cette note serait poursuivi. Mais il n’osait la démentir. Quoi qu’il en fût, à cette époque des mitraillades sans nombre avaient été opérées par l’armée de Paris. Nous ne prétendons pas que ce mode d’exécution eût été délibéré eu conseil des ministres, mais autorisé ou non, l’armée l’avait largement pratiqué. Si nous insistons sur ce détail, c’est qu’il donne la mesure de la quantité des exécutions.

Jamais on ne connaîtra le nombre des victimes de cette semaine sanglante, ouverte par le concert des Tuileries, close, heure pour heure, le dimanche suivant, par la fusillade des derniers fédérés de Belleville. — Les jours suivants ne furent pas exempts de massacres. Le 19 juin, on exécutait encore 15 fédérés au cimetière Montparnasse. — Dans les cercles officiels, on estimait à vingt mille le nombre des personnes tuées ou fusillées. Des officiers ont donné cette évaluation comme très-vraisemblablement juste. Sur ce