Page:Lissagaray - Les huit journees de mai, Petit Journal Bruxelles, 1871.djvu/199

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

D’affreux assassinats se commettaient dans beaucoup de quartiers, sous le prétexte qu’on avait empoisonné les soldats. Il arrivait souvent aux lignards de se faire servir à boire tout suants et échauffés. La fraîcheur les saisissait et quelquefois ils tombaient évanouis. Aussitôt leurs camarades les déclaraient empoisonnés, et fusillaient illico les débitants et toute leur famille.

La presse qui propageait ces fables d’empoisonneurs et de pétroleuses, qui cachait avec soin les détails des exécutions et se gardait bien d’en indiquer le nombre, ne tarissait pas d’éloges sur l’armée.

« Elle s’est admirablement acquittée de sa tâche, disait le Journal de Paris ; elle a montré une vraie humanité dans l’accomplissement de ses devoirs. »

« Quelle admirable attitude que celle de nos officiers et de nos soldats ! disait le Figaro. Il n’est donné qu’au soldat français de se relever si vite et si bien. »

« Tout le monde a été frappé de l’attitude pleine de calme et de dignité conservée par les troupes au milieu des fureurs de cette affreuse lutte, disait le Siècle du 28 mai. »[1]

  1. Mais deux jours après, le Siècle signalait avec