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et fusillé. Le sang coula à pleines rigoles dans certaines rues de Paris. On vit pendant plusieurs jours sur la Seine une longue traînée rouge suivant le fil de l’eau, et passant sous la deuxième arche du côté des Tuileries ; cette traînée ne discontinuait pas. Pendant plus de dis jours les journaux publièrent une partie spéciale sous la rubrique : Arrestations, Exécutions. Voici comment un d’eux, et non des moins acharnés, raconta la mort de Varlin :

« Dimanche dernier, vers trois, heures de l’après-midi, les promeneurs, très-nombreux, ont pu voir, rue Lafayette, l’arrestation de Varlin, membre de la Commune, ex-délégué au ministère des finances.

« Il était assez pauvrement vêtu et était entouré de quatre soldats conduits par un officier, qui venaient de s’emparer de sa personne.

» Après l’avoir fouillé, on lui lia les mains, puis il fut dirigé vers les buttes Montmartre.

» Au moment de son arrestation, il n’y avait que sept ou huit personnes croyant assister à la prise d’un simple fédéré, mais, au même instant, Un passant, probablement mieux informé que les autres, s’écria : C’est Varlin ! Les personnes présentes à cette exclamation se mirent à la suite des quatre soldats, remplissant dans