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générale était qu’on devait se rendre, et le commandant Faltot dut la subir. C’était un brave officier qui avait versé son sang en Pologne et avec Garibaldi. Arrêté par la Commune sur quelqu’une de ces sottes dénonciations auxquelles on faisait si facilement droit, il n’en garda aucune amertume et, pouvant s’échapper du fort, il répondit « que l’honneur lui défendait d’abandonner ses compagnons d’armes. » Il consentit seulement à laisser mettre ses fils en sûreté.

A trois heures, les portes s’ouvrirent. Les deux cents héros versaillais entrèrent tambour battant. Les fédérés, au nombre de quatre cents, leurs armes en faisceaux, attendant leur sort, étaient allés se ranger au fond de la cour.

Neuf de leurs officiers furent pris et enfermés à part. B… ne fut pas de ce nombre.

La nuit, à trois heures, dans les fossés, à cent mètres de l’endroit où tomba le duc d’Enghien, ces neuf officiers furent mis en présence du peloton d’exécution. L’un d’eux, le colonel Delorme, arrivé au bas de l’escalier conduisant aux fossés, se tourna vers le Versaillais qui commandait et lui dit : « Tâtez mon pouls, voyez si j’ai peur. »