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niquement et répondit d’un ton rude : « Puisse Dieu me punir pour n’en avoir pas tué plus ! J’avais deux fils à Issy, ils ont été tués tous deux, et deux à Neuilly, qui ont subi le même sort. Mon mari est mort à cette barricade, et maintenant faites de moi ce que vous voudrez. » Je n’en entendis pas davantage ; je m’éloignai en rampant, mais pas assez tôt pour ne pas entendre le commandement de : « Feu ! » qui m’apprit que tout était fini. »

Le dimanche matin, les derniers défenseurs de la Commune étaient parqués dans la moitié du XXe arrondissement.

De bonne heure la barricade de la place Voltaire fut prise de deux côtés, et la plupart de ses défenseurs fusillés. Une généreuse inconnue sauva deux des combattants qui, brisés de découragement et de fatigue, frappèrent à sa porte à deux pas des soldats.

De la rue de Charonne au faubourg du Temple et dans la partie nord du quartier Popincourt, la lutte suprême eut lieu le dimanche matin. — Les fédérés n’ont plus de canons ; les deux tiers de l’armée les entourent, qu’importe ! — Rue du faubourg du Temple, rue Oberkampf, rue Folie-Méricourt on lutta. Il y avait là certaines barricades qu’on