Page:Lissagaray - Les huit journees de mai, Petit Journal Bruxelles, 1871.djvu/159

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

définitif, la lutte à l’arme blanche eut lieu pendant la nuit, de dix heures à quatre heures du matin. Les fédérés sont six cents, — ils savent qu’il faut mourir. — Quelle rage de part et d’autre ! Sis heures durant, des brigades entières s’élancent à l’assaut de ces buttes escarpées, rejetées, revenant, précipitées, recommençant encore. Durant six heures, le tambour, sombre et voilé, car il pleut à flots, bat la charge sans s’interrompre et mêle son appel sinistre au clapotement de la fusillade. Dans certains coins on lutte de si près que les fusils servent de massue. Ah ! malheur à ceux qui ont fait battre dans les ténèbres ces deux camps de prolétaires. Le jour se lève sur six cents cadavres de fédérés. Mais le vaincu, c’est surtout toi, soldat !

Nuit de déroute. Le général Vinoy enlevait en même temps le Père-Lachaise et la mairie du XXe arrondissement. Au Père-Lachaise, plusieurs régiments abordèrent l’enceinte de trois côtés à la fois. Les fédérés commencèrent par enclouer leurs pièces devenues inutiles. Il y eut ensuite une lutte horrible. Abrités derrière les tombes, les Communalistes disputèrent pouce par pouce le.terrain. On se prit corps à corps ; les hommes roulèrent ensemble dans les fosses ;