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les Versaillais s’emparèrent d’un artilleur de l’armée qui, le 18 mars, était passé à la Commune. « Qu’on le fusille, qu’on le fusille ! » criait-on. Lui, calme, regardant les soldats, il haussa les épaules et prononça ce mot admirable : « On ne meurt qu’une fois. » Plus loin, un vieillard se débattit énergiquement. Les soldats, par un raffinement de cruauté, voulaient le fusiller sur un tas d’ordures. — « Je suis, criait-il, un républicain, je me suis battu bravement, j’ai le droit de ne pas mourir dans la merde. »

De son côté, Ladmirault enveloppait la Villette, s’efforçant de tourner, par les rues Lafayette, d’Aubervilliers et les boulevards extérieurs, les barricades de la Rotonde, clef de la résistance de ces quartiers.

Ainsi, le cercle se rétrécissait constamment et régulièrement, refoulant de plus en plus les fédérés contre les remparts. Du haut des fortifications, ils pouvaient voir les Prussiens seconder les efforts de l’armée versaillaise. Déjà, dans la nuit du dimanche au lundi, la ligne du chemin de fer du Nord avait été coupée par l’autorité prussienne. Une dépêche, envoyée de Saint-Denis à M. Thiers, lui annonçait l’exécution de cette mesure, l’avertissant qu’on ne négligerait aucun moyen de capturer les fédérés