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armées de canons qui, dans l’espace étroit où ils se mouvaient, ne pouvaient rendre aucun service. On fit de vaines démarches pour centraliser ces pièces sur un point culminant, mais les défenseurs des barricades refusaient obstinément de s’en séparer et aucun pouvoir n’aurait pu les y contraindre. Du reste, un tel désordre régnait à l’état-major, qu’on ne savait trop de quel côté viendrait l’attaque, et l’on n’apprenait la marche de l’armée que par l’arrivée des débris des bataillons. Quelques membres de la Commune visitaient les barricades ; mais leurs exhortations étaient superflues ; les plus braves et les plus résolus étaient seuls venus chercher un asile dans le XXe arrondissement.

L’attaque se rapprochait : Vinoy et Ladmirault, tendant l’un vers le Père-Lachaise, l’autre vers les buttes Chaumont. Les barricades de la place du Trône arrêtèrent Vinoy toute là journée et jusqu’au matin du samedi, mais il occupait pendant ce temps le faubourg Saint-Antoine. La résistance aux abords de la Bastille fut héroïque. On compta plus de cent cadavres sur la seule barricade de la rue de Charenton. Rue Sainte-Marguerite, les fédérés, attaqués des deux côtés de la rue et retranchés dans les maisons, se firent tuer jusqu’au dernier. Rue Crozatier,