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ruines de Paris plutôt que de l’abandonner à la coalition de despotes mille fois plus cruels et plus durables que l’étranger.

Qu’es-tu donc, ô patriotisme, sinon de défendre ses lois, ses mœurs et son foyer contre d’autres dieux, d’autres lois, d’autres mœurs, qui veulent nous courber sous leur joug ? Et Paris républicain, combattant pour la République et les réformes sociales, n’était-il pas aussi ennemi de Versailles, féodal et exploiteur de la misère humaine, qu’il l’était des Prussiens, que les Espagnols et les Russes le furent des soldats de Napoléon Ier ?

À une heure du matin, deux officiers pénétrèrent dans la chambre où se tenait Delescluze et lui apprirent l’exécution des otages. Il écouta sans cesser d’écrire le récit qui lui fut fait d’une voix saccadée et avec un geste terrible, pâlit, mais ne dit rien. Quand les officiers furent partis. Delescluze se retourna vers l’ami qui travaillait à côté de lui, et cachant sa figure dans ses mains : « Quelle guerre ! dit-il d’une voix étouffée. Quelle guerre ! »

Puis, il se promena avec agitation et tout à coup, comme dominant ses pensées, il s’écria brusquement : « Nous aussi, nous saurons mourir ! »