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vers la vue de l’Ouest, sautait avec fracas. La commotion fut telle qu’elle suspendit un moment le combat.

Peu après, le procureur de la Commune, Raoul Rigault, tombait sous les balles des Versaillais. Il avait assisté à tout l’engagement et portait l’uniforme de commandant du 114e bataillon, qu’il avait revêtu pour la bataille. Il frappait à la porte de son domicile, rue Gay-Lussac, quand des chasseurs, voyant un officier, firent feu sur lui sans l’atteindre. La porte s’ouvrit, Raoul Rigault entra et les soldats, arrivant au pas de course, se précipitèrent à sa suite dans la maison. Ils s’emparèrent d’abord du propriétaire, M. Chrétien, qui au bruit était sorti ; mais son identité fut vite établie par les locataires. A peine sauvé, il s’empressa de livrer Rigault. Voici son témoignage, tel qu’il résulte d’une lettre qu’il envoya le 29 mai au Siècle :

» Entendant qu’on le poursuivait, Raoul Rigault monta au sixième étage, où je le rejoignis en lui disant qu’il lui fallait descendre ou que je serais fusillé à sa place. Il m’offrit de fuir sur les toits, ce que je refusai ; alors il me dit :

« Je ne suis ni un c ... ni un lâche, et je descends. »

» Je suis descendu chercher les chasseurs