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« Comment vous distinguer de cette Chambre infâme, vous qui avez renié Paris et qui léchez aujourd’hui la main de son bourreau ? Quel espoir mettre en vous qui ne savez offrir pour tout remède qu’une Assemblée nouvelle sans mandats délibérés, l’instruction et le service obligatoires, et qui croirez avoir régénéré la France, quand vous en aurez fait le clair de lune de la Prusse ?

« Vous osez invoquer les héros d’autrefois, vous abriter sous leur égide, vous réunir au Jeu de paume pour singer le passé ! Mais si les grands hommes qui surent servir leur époque, la comprendre et mourir pour ses vérités se dressaient devant vous, je vous défierais de soutenir leurs regards et d’affronter leur jugement ! »

VOIX DES FUSILLÉS DANS LES TRIBUNES : — « Que tous ceux qui ont servi le peuple vous jugent et vous confondent !»

Les tribunes finissent à peine, quand, à l’autre extrémité du théâtre, derrière le président, on entend une voix. Grévy se retourne et devant lui se dressent de nouveaux fantômes. Ils portent les vêtements de nos pères. Ce sont les vieux conventionnels. L’espace s’est agrandi derrière la tribune présidentielle et du parquet au cintre, leurs figures s’étagent, sévères comme aux jours redoutables où les traîtres comparaissaient de-