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mençait, et vous avez cru voir la fin du monde. Après le massacre, vous avez ouvert une enquête pour savoir ce que Paris voulait, et au lieu de faire votre examen de conscience, d’avouer et de débrider les plaies de votre régime, vous n’avez su mettre au jour qu’un pamphlet de sacristie. Quant aux vices monstrueux de votre organisation économique, aux besoins des travailleurs, au droit économique qui va remplacer le droit ancien, vous n’en savez pas le premier mot. Le socialisme, tout en l’égorgeant, vous le niez. Là-dessus, vous êtes unanimes, droite et gauche, conservateurs et républicains. Devant Paris tout saignant et tout roussi de la bataille, vos radicaux ont dit qu’il n’y avait pas une âme dans la Révolution du 18 mars. Dans Paris, tout autour, il n’est pas un brin d’herbe qui ne pousse sur la poitrine d’un fédéré, pas de jardin, pas de place qui n’ait eu son charnier de prolétaires, et sous ce sol bourré de cadavres, aucun de vous ne sent fermenter une question sociale ? O grand Paris du peuple ! C’est au néant que tu as offert cet holocauste de cent mille des tiens !

« Vous croyez que les travailleurs reçoivent un mot d’ordre, que des émissaires secrets vont fomentant les grèves ! Vous n’avez donc jamais mis les pieds dans une usine, dans une mine, dans un atelier ? Vous ignorez donc que moyennant un salaire journalier,