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Certes, s’il n’y avait qu’un malentendu ainsi qu’on a osé le prétendre, Cavaignac aurait dit à la majorité ; « Arrête. J’ai donné un gage suffisant de mon respect pour la légalité ; mais je n’entends pas abriter la réaction. » Mais non, voici l’horrible aveu qu’il laissa échapper le 22 août à la Constituante, quand on lui reprochait son indécision apparente au début du mouvement : « Il est vrai que j’ai laissé se développer au début l’insurrection, mais c’était pour la pouvoir écraser plus complètement. »

Durant quatre mois, Paris fut en état de siége. — Une simple dénonciation suffisait pour vous envoyer dans les casemates. Quatre mois après juin, de longues files de prisonniers furent extraits des forts, et, sans jugement, sans que leurs femmes, leurs enfants pussent leur dire un dernier adieu, la bourgeoisie les envoya pourrir sur les pontons, en rade de Brest et de Rochefort, où ils restèrent près d’une année.

Dix mois après, l’ex-dictateur de la bourgeoisie votait froidement la loi de transportation en Afrique de ce qui restait de ses frères prisonniers des pontons.

Quant à ceux qu’on voulut bien juger, ils