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bourgeoisie qui l’avait pu s’en était bien gardé.

Un homme, un général, que le peuple retienne son nom, il s’appelait Cavaignac, avait été investi de la dictature par l’Assemblée. « Mettez bas les armes, dit-il aux travailleurs. Que mon « nom soit maudit, si je consens à voir en vous « autre chose que des frères égarés. » — Voici comment il traita ses frères.

Des milliers de prisonniers furent, après la victoire, enfermés au Luxembourg et dans les caves des Tuileries, entassés sans air et sans lumière dans d’étroits espaces, au milieu de leurs excréments. Devant les soupiraux veillait la garde nationale, et quand un de ces malheureux, étouffant, parvenait à venir respirer aux barreaux, ces défenseurs de l’ordre, qui gémissent sur les massacres de Septembre 92, tiraient sur lui à bout portant. Au massacre des rues succéda le massacre des prisons. On tirait dans le tas. Un des gouvernants de cette époque a dit : « On s’attendait à chaque instant à l’égorgement de tous les prisonniers. » Près de huit jours après la fin de l’insurrection, on fusillait encore au Champ-de-Mars et dans le jardin des Tuileries, interdit au public.