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ple nouveau-né voulut se reconnaître, ces cœurs français voulurent se marier dans une fédération générale. Le jour anniversaire de la prise de la Bastille, le 14 juillet 1790, la France accourut du fond de ses villes, de ses bourgades, chantant cet hymne doux, fortifiant et patriotique :

Du législateur tout s’accomplira,
Celui qui s’élève on l’abaissera,
Celui qui s’abaisse on l’élèvera.

Ils se mirent douze cent mille, Bretagne, Bourgogne, Languedoc, Pyrénées, Poitou, vieillards et enfants, femmes élégantes et prolétaires, à construire au Champ de Mars cet autel de la patrie où le roi vint prêter serment à l’acte constitutionnel. Ah ! ils jurèrent tous et roi et seigneurs. Mais que de sang il te faudra répandre, peuple, pour réparer les trahisons de leur serment. Fédère-toi, Jacques Bonhomme, les rois, eux aussi, préparent leurs fédérations. Déjà, depuis les premiers frémissements du sol un des frères du roi et les principaux seigneurs ont déserté la France ; déjà ils ameutent contre elle les convoitises de l’Europe, ils amoncèlent sur nos frontières les colères de tous les rois.