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vre diable, l’ancien serf non rédîmé, la masse enfin, le manant vil, le vilain, Jacques Bonhomme, resta toujours sans défense, exploité, fonds commun sur lequel vécurent rois, seigneurs et bourgeois.

Un instant il put croire que son tour était venu. Ses mains n’en pouvaient plus. Son âme était plus lasse encore. Mort pour mort, il préféra la fin joyeuse des champs de bataille. Cinquante mille Jacques se soulèvent avec leurs faces blêmes, leurs souillures, leurs haillons, redressent leurs faulx, brandissent marteaux et bêches, courent sus aux châteaux. Mais leur chef est pris par trahison. Enchaîné sur un fauteuil, on lui ceignit une couronne de fer rougie au feu. Vingt mille Jacques furent massacrés. Le reste fut renvoyé à ses tanières.


Passez, Mérovingiens, Carlovingiens, Capétiens, Valois, Bourbons, rois et dynasties de quinze siècles ! Que nous font vos avénements, vos chutes, vos faits d’armes et vos splendeurs ? Qu’importent à Jacques Bonhomme, les luttes de Louis XI avec les grands seigneurs, les guerres de Louis XII en Italie, François Ier prisonnier en