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Jacques Bonhomme, crois-tu qu’il est temps d’en finir ? veux-tu du moins l’essayer ?

Sais-tu l’histoire de ce prodige de force qu’on appelait Samson ? Sa vigueur résidait dans ses cheveux ; pendant son sommeil, ses ennemis le tondirent, puis lui ayant crevé les yeux, ils l’envoyèrent à la meule. Un jour, au milieu d’une immense fête, on le fit venir pour insulter à son malheur. Mais, depuis sa captivité, sa crinière avait repoussé. Calme, en apparence, au milieu des outrages, il se fait conduire entre les colonnes qui soutiennent la salle, et là, rappelant son ancienne vigueur, invoquant la vengeance et sa juste cause, il étreint la pierre, la secoue, la déracine, et, sous les débris de l’édifice, le héros ensevelit ses ennemis.

Laisse-toi guider, Jacques Bonhomme, et plus heureux que Samson qui périt avec ses adversaires, tu resteras debout sur les ruines des tiens.