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poisonnées. Les alcools extraits de la betterave, du grain, du sapin, du goudron, etc., colorés avec des bitumes et des asphaltes contenant de l’acide sulfurique et de l’acide acétique, fournissent des forces factices, produisent une ivresse douloureuse. Dans le Nord, où la consommation du vin est restreinte par sa cherté, celle de l’alcool est trente-deux fois plus forte. Qui supporte l’impôt des portes et fenêtres, l’impôt des patentes ? Est-ce le riche négociant qui bâtit les maisons ? Non, mais Jacques qui les habite. L’usine paie 500 francs et l’échoppe cinquante, mais la fabrique gagne 500,000 francs et l’échoppe joint à peine les deux bouts. Sur qui pèse l’impôt du tabac, sinon sur les acheteurs au détail ? Seul le revenu ne paie rien directement. Le propriétaire augmente son loyer, l’industriel son produit, proportionnellement à ses charges, mais son revenu reste immuable. Jacques Bonhomme, lui, se serre les flancs. S’il geint, le chassepot lui règle son compte, et à travers la buée de l’atelier, il peut voir apparaître, tracées en lettres sanglantes, ces deux menaces de mort : Ricamarie, Aubin.