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mille trois cent, a-t-il dit, que fournissent goutte à goutte les pauvres diables comme moi.

Il a continué : « — Quand tu as payé tout ça, ton maire te fait encore payer pour la commune.

« Et quand tu as payé à l’État et à la commune, les messieurs du Conseil général te font payer pour le département, les hôtels des préfets, des sous-préfets, les tribunaux, les casernes de gendarmerie, les routes, etc., etc.

« Ainsi, petit, si tu n’as qu’un budget pour toi et ta famille, tu peux te vanter d’en payer trois. »

J’étais ahuri de payer tant de choses sans m’en douter, quand il a ajouté :

« Sur le papier qu’on t’apporte, il n’y avait que l’impôt qu’on appelle direct. Tu paies encore à l’État pour manger du sel, pour t’habiller, pour te chausser, pour fumer, pour boire, pour acheter de la terre, pour en vendre, pour passer un contrat, pour donner, pour recevoir, pour tout enfin.

« — Mais au moins les richards doivent payer bien plus que moi ?

« — Bien moins, au contraire. Les droits sont les mêmes sur la barrique de mille francs et sur celle de vingt, et les rentiers qui ne crai-