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vois avec plaisir parce que c’est un savant. Je lui ai raconté mon histoire, en demandant l’explication.

Il a souri. — Au fait, a-t-il ajouté en se parlant à lui-même, qui diable aurait pu lui apprendre tout cela ?

Et alors il m’a raconté qu’il y avait des messieurs éduqués et gros propriétaires qui décident qu’un tel doit payer ça et ça, aller à l’armée, et qu’ils ont le droit, si on refuse, de vous faire arrêter par les gendarmes ; que le soldat va faire la guerre en Amérique, en Chine et même dans les rues contre les Français ; que l’argent est employé à payer les casernes, la marine, les rentes de ceux qui ont le droit de ne rien faire, les juges, les prêtres, les gendarmes, les prisons, les sénateurs, les députés, l’empereur, sa femme, son petit, ses cousins, ses cousines, ses maréchaux, les seigneurs de sa cour, les employés de l’administration et un peu aussi les écoles, avec cette différence que pourvu que nous payions on ne nous force pas d’y aller comme à la caserne. Et tout cela s’appelait le budget de l’État. Et il y en a des millions et des millions, plus de deux