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gendarmes, le procureur général ses substituts.

Un journaliste, tout frais sorti du ministère, est attaché pendant un mois au journal de la Préfecture, avec ordre d’appeler les candidats du peuple escrocs, assassins, partageux.

Et tous ces gens, retroussant leurs manches, se jettent à corps perdu dans le pétrin électoral. En avant les juges de paix, les instituteurs, les maires, les curés, les ignorantins, les percepteurs, les receveurs, les gendarmes, les commissaires de police, les pompiers, les gardes champêtres, à vous les électeurs. Taillez, coupez, rognez, prêchez, verbalisez, faites feu de toutes armes, les lois n’existent pas pour vous. L’action s’engage sur toute la ligne, l’électeur est assailli de bulletins menaçants. Dans les grandes villes on enverrait tout ce monde au diable, mais dans les campagnes on tremble avec raison. Le maire, le curé, l’instituteur, le garde champêtre, vous voient, vous connaissent, sont au courant de vos moindres affaires. Tout campagnard vit en état perpétuel de contravention. Voter contre les autorités c’est voter pour soi-même les procès-verbaux, les vexations, les taquineries, l’enfer pendant six ans. Pour qui dépend de