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Des commissions mixtes composées du général, du préfet et du procureur de Louis-Napoléon, dressèrent les listes de proscription. Cent mille arrestations eurent lieu. Plus de trente mille citoyens furent transportés ou durent s’expatrier ; beaucoup jetés à Cayenne, d’autres en Afrique, d’autres à Nouka-Hiva. Entassés par milliers dans des entreponts, rongés par la vermine, mêlés aux forçats, un grand nombre moururent dans la traversée. Enfermés à leur arrivée, on les écrasa sous les plus durs travaux. Nulle pitié pour les femmes ou plutôt un accroissement d’outrage. La courageuse Mme Pauline Roland, coupable d’opinions républicaines, fut embarquée pour l’Afrique, dans un convoi de prostituées. Une nuit, on gratte à sa porte. Inquiète, elle écoute, on attaquait le pène. Un moment son angoisse fut telle, qu’elle saisit convulsivement un couteau pour se frapper. Heureusement le jour parut, les pesées cessèrent. C’était un des gendarmes du cortége qui tentait une galante expédition.

Combien tombèrent dans l’exil ? Ah ! sables de l’Afrique, soleil meurtrier de Cayenne, air fétide de nos pontons, dites-nous combien vous avez