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ner la tête, prononce ces seules paroles : « Qu’on exécute mes ordres. »

Ses ordres les voici :

À trois heures, sans avertissement, sans sommation, au simple signe des capitaines bandits, les régiments sont lancés sur la foule inoffensive qui couvre les boulevards. Une décharge à bout portant, et le sol est noir de cadavres. Ce fut, dit un témoin, comme une nappe de feu ! En avant ! la baïonnette altérée, les soldats, ivres de vin (on en vit qui buvaient le champagne à la régalade), s’élancent, renversent, éventrent passants, femmes, vieillards, enfants, flot qui reflue sur leur passage, et la charge se continuant sur une étendue de deux kilomètres, ne laisse derrière elle qu’un sillon sanglant. En avant, les boulets suivent, les obus éclatent. On entre par la brèche dans les magasins, dans les appartements, on tue tout, partout, dans les escaliers, sur les comptoirs ; — ils lardèrent de leurs baïonnettes jusqu’aux animaux. À l’entrée de la rue Montmartre soixante personnes, hommes, enfants, jeunes filles, tombent foudroyés. Un limonadier ambulant regagne sa demeure, les soldats le prennent pour cible ; il est criblé de balles. Une