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daient l’origine et le but de cette guerre fratricide. On leur répondit que la lutte était entre les défenseurs de l’ordre et les spoliateurs, que des bandes de brigands s’apprêtaient à se partager les propriétés. Tu sens bien, Jacques Bonhomme, que ces bruits, habilement répandus, entretenus par les milliers de publications immondes dont les réactionnaires remplissaient les campagnes, suffirent à creuser un abîme entre les ouvriers de la terre et ceux de l’industrie.

Vint l’élection pour la présidence de la République. Depuis la chute de l’Empire, l’opposition s’était parée du nom de Napoléon. Les orateurs, les historiens, les poètes, séduits par cette gloire de clinquant, avaient propagé dans la masse ce mensonge grotesque que celui qui avait étouffé la Révolution en était le Messie. Son neveu, Louis-Napoléon Bonaparte, s’était, sous le règne de Louis-Philippe, introduit à deux, reprises sur le territoire à main armée. Le roi lui fit grâce une première fois, bien que le prince eût tiré un coup de pistolet sur le brave officier qui l’arrêtait, mais à la seconde équipée Louis-Napoléon fut enfermé. Il parvint a s’échapper sous le déguisement du maçon Badinguet. La République