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teuses. Par là seulement ils furent Jacobins. Qui servit l’étranger, du Gouvernement toujours prêt à traiter, ou des Parisiens toujours acharnés pour la résistance ? L’histoire dira qu’à Metz une armée immense, encadrée, instruite, de vieux soldats, se laissa livrer sans qu’un maréchal, un chef de corps, se levât pour la sauver de Bazaine, tandis que les Parisiens sans guides, sans organisation, devant deux cent quarante mille soldats et mobiles acquis à la paix, firent reculer de trois mois la capitulation et la vengèrent de leur sang.

Cette indignation de traîtres écœura. Aucun des bataillons jadis trochéens ne s’était levé à l’appel de Clément Thomas. Ce Gouvernement défendu tant qu’on l’avait cru de défense puait pour tous la capitulation. Le jour même de l’échauffourée il fit sa dernière jésuiterie. Jules Simon, ayant réuni les maires et une douzaine d’officiers supérieurs, offrit le commandement suprême au militaire qui proposerait un plan. Ce Paris qu’ils avaient reçu exubérant de vie, les hommes du 4 Septembre l’abandonnaient à d’autres, maintenant qu’ils l’avaient fait exsangue. Aucun des assistants ne releva l’ironie. Ils se bornèrent à refuser cet héritage désespéré. Jules Simon les attendait là. Quelqu’un dit : « Il faut capituler », le général Lecomte. Les maires comprirent enfin pourquoi on les avait convoqués et quelques-uns étanchèrent un pleur.

Dès lors Paris vécut comme le malade qui attend l’amputation. Les forts tonnaient toujours, les morts et les blessés continuaient de rentrer, mais on savait Jules Favre à Versailles. Le 27, à minuit, le canon se tut. Bismarck et Jules Favre s’était entendus d’honneur. Paris était livré.

Le lendemain, la Défense fit connaître les bases des négociations : armistice de quinze jours, réunion immédiate d’une Assemblée, occupation des forts, tous les soldats et mobiles moins une division désarmés. La ville resta morne. Ces longues journées d’émoi avaient affaissé les colères. Quelques éclairs seulement traversèrent Paris. Un bataillon de la garde nationale vint devant l’Hôtel-de-Ville crier : « À bas les traîtres ! » Le soir, quatre cents officiers signèrent un pacte de résistance, se donnèrent pour chef le commandant du 107e,