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verbaux pour fuir même l’apparence d’une municipalité[1]. Jules Favre leur donnait de petites réceptions hebdomadaires où l’on bavardait amicalement sur la cuisine du siège. Un seul fit son devoir, Delescluze. Il avait acquis beaucoup d’autorité par ses articles du Réveil implacables contre la Défense. Le 30 décembre, il interpella Jules Favre, dit aux maires et adjoints : « Vous êtes responsables », demanda que le conseil fût adjoint à la Défense. La plus grande partie de ses collègues protestèrent, Dubail et Vacherot surtout. Il revint à la charge le 4 janvier, déposa une proposition radicale : démission de Trochu et de Clément Thomas ; mobilisation de la garde nationale ; institution d’un conseil de Défense ; renouvellement des comités de la guerre. On ne l’écouta pas davantage.

Le Comité des vingt arrondissements appuya Delescluze, fit paraître le 6 une affiche rouge rédigée par Tridon et Jules Vallès : « Le Gouvernement, qui s’est chargé de la défense nationale, a-t-il rempli sa mission" ? Non… Par leur lenteur, leur indécision, leur inertie… ceux qui nous gouvernent nous ont conduits jusqu’aux bords de l’abîme… Ils n’ont su ni administrer, ni combattre… On meurt de froid, déjà presque de faim… Sorties sans but, luttes meurtrières sans résultats, insuccès répétés… Le Gouvernement a donné sa mesure, il nous tue… La perpétuation de ce régime, c’est la capitulation… La politique, la stratégie, l’administration du 4 Septembre, continuées de l’Empire sont jugées. Place au peuple ! Place à la Commune ! » Quelque impuissant pour l’action que fut le Comité, sa pensée était juste et il resta jusqu’à la fin du siège le moniteur sagace de Paris.

La masse qui voulait des noms illustres se détourna des affiches. Quelques-uns des signataires furent arrêtés. Pourtant Trochu se sentit atteint et le soir il fit écrire sur tous les murs : « Le gouverneur de Paris ne capitulera pas. »

Paris d’applaudir encore — quatre mois après le 4 Septembre. — On trouva fort étrange que, malgré le

  1. J. Ferry, Enquête sur le 4 Septembre.