Page:Lissagaray - Histoire de la Commune de 1871, MS.djvu/558

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion
544
APPENDICE

« Elles entrèrent premièrement dans le bureau du fond où l’instruction primaire, sous la direction de Menier et sous l’inspection de Jules Vallès, était installée, avant de monter au deuxième étage.

« Elles y restèrent quelques instants, puis la camériste sortit avec un assez gros paquet dans les bras ; la citoyenne A… la suivait à une certaine distance, elle ferma tranquillement la porte derrière elle.

« Elles pénétrèrent ensuite dans le bureau suivant, puis dans l’autre ; chaque fois, le fardeau augmentait ; à la dernière visite, elles étaient fort chargées toutes les deux ; un garde avec de gros paquets à la main les suivait à quelques pas en arrière, comme un valet de bonne maison.

« Par simple curiosité, j’entrai à mon tour dans les pièces qu’elles venaient de quitter, et je constatai que dans la première la pendule, les candélabres et les deux coupes en marbre noir venaient de disparaître ; le tapis de la table du second bureau avait servi d’enveloppe ; les rideaux de quatre fenêtres, y compris les deux du troisième bureau, avaient disparu.

« Je m’expliquai seulement alors le fardeau du garde qui accompagnait les deux femmes ; je me plais à croire que quelque délégué complaisant réquisitionna une voiture pour les citoyennes patriotes qui prenaient tant de soins du mobilier de l’Hôtel-de-Ville. Le contraire me surprendrait fort. Marfori. »


XLIII


Le Gaulois rééditait au compte de Deleseluze une infamie sadique attribuée en 1848 à Ledru-Rollin.

« Delescluze, puisqu’il faut l’appeler par son nom, s’était fait monter à la mairie du XIe arrondissement dont il était l’élu à la Commune et qu’il administrait comme délégué, une petite retraite aimable où il venait se reposer des soucis du pouvoir, en compagnie de jeunes vestales, recrutées dans la légion des pétroleuses.

« Au surplus, cette mairie était transformée en phalanstère, et la nuit où y entra le général de Langouriau — celui-là même qui fut, avec le général Chanzy, traîtreusement arrêté en wagon par ordre de la Commune et gardé prisonnier pendant quelques jours, — elle offrait un spectacle aussi étrange que repoussant.