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APPENDICE

« Sur une étendue qui nous parut sans fin, nous vîmes des tas de cadavres. « Ramassez tous ces salauds, nous dit le sergent et mettez-les dans ces tapissières. » Nous relevâmes ces corps gluants de sang et de boue. Les soldats plaisantaient affreusement : « Vois donc, quelles gueules ça fait ! » et ils écrasaient du talon quelque visage. Il nous sembla que plusieurs vivaient encore. Nous le dîmes aux soldats ; mais ils répondirent : « Allons ! allons ! va toujours ! » Sûrement, il y en a eu qui moururent en terre. Nous mimes dans ces tapissières dix-neuf cent sept corps. »

La Liberté du 4 juin disait :

« Le gouverneur de la Roquette pour la Commune et ses acolytes furent fusillés sur le théâtre même de leurs exploits.

« Pour les autres gardes nationaux arrêtés et dont le nombre s’élevait à plus de 4 000 dans ces parages, une cour martiale provisoire fut installée à la Roquette même. Un commissaire de police et des agents de la police de Sûreté furent chargés du premier examen. Ceux désignés pour être fusillés étaient dirigés dans l’intérieur ; on les tuait par derrière, pendant qu’ils marchaient et on jetait leurs cadavres sur le tas voisin. Tous ces monstres avaient des figures de bandits ; les exceptions étaient à regretter[1]. »


XXVI


le nombre, le siège, les attributions de ces cours avaient été fixés

M. Ulysse Parent, ancien membre de la Commune, acquitté par le 3e conseil de guerre, écrivait le 19 mars 1877 à M. Camille Pelletan, directeur du Rappel.

« Votre article d’hier publié dans le Rappel vous amène à parler des cours prévôtales qui fonctionnèrent à Paris

  1. Ce récit contient deux erreurs : Francois, le directeur, fut fusillé à Satory ; à la Roquette, il n’y eut pas de cour martiale organisée.