« Sur une étendue qui nous parut sans fin, nous vîmes des tas de cadavres. « Ramassez tous ces salauds, nous dit le sergent et mettez-les dans ces tapissières. » Nous relevâmes ces corps gluants de sang et de boue. Les soldats plaisantaient affreusement : « Vois donc, quelles gueules ça fait ! » et ils écrasaient du talon quelque visage. Il nous sembla que plusieurs vivaient encore. Nous le dîmes aux soldats ; mais ils répondirent : « Allons ! allons ! va toujours ! » Sûrement, il y en a eu qui moururent en terre. Nous mimes dans ces tapissières dix-neuf cent sept corps. »
La Liberté du 4 juin disait :
« Le gouverneur de la Roquette pour la Commune et ses acolytes furent fusillés sur le théâtre même de leurs exploits.
« Pour les autres gardes nationaux arrêtés et dont le nombre s’élevait à plus de 4 000 dans ces parages, une cour martiale provisoire fut installée à la Roquette même. Un commissaire de police et des agents de la police de Sûreté furent chargés du premier examen. Ceux désignés pour être fusillés étaient dirigés dans l’intérieur ; on les tuait par derrière, pendant qu’ils marchaient et on jetait leurs cadavres sur le tas voisin. Tous ces monstres avaient des figures de bandits ; les exceptions étaient à regretter[1]. »
… le nombre, le siège, les attributions de ces cours avaient été fixés…
M. Ulysse Parent, ancien membre de la Commune, acquitté par le 3e conseil de guerre, écrivait le 19 mars 1877 à M. Camille Pelletan, directeur du Rappel.
« Votre article d’hier publié dans le Rappel vous amène à parler des cours prévôtales qui fonctionnèrent à Paris
- ↑ Ce récit contient deux erreurs : Francois, le directeur, fut fusillé à Satory ; à la Roquette, il n’y eut pas de cour martiale organisée.