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APPENDICE

le troisième dans le 97e ; quant à moi, je fais partie du 177e

« Cependant il me reste encore un fils qui est le plus jeune ; il aura seize ans bientôt ; il désire de tout son cœur être incorporé dans n’importe quel bataillon, car il a juré à ses frères et à moi de prendre les armes pour soutenir notre jeune République contre les bourreaux de Versailles.

« Nous nous sommes tous entendus et avons fait le serment de venger celui qui tomberait sous les balles fratricides de nos ennemis.

« Prenez donc, citoyen, le dernier de mes fils, je l’offre de tout cœur à la patrie républicaine ; faites-en ce que vous voudrez ; placez-le dans un bataillon de votre choix et vous me rendrez mille fois heureux.

« Agréez, citoyen, mes saluts fraternels,

« Auguste Joulon,
« Garde au 177e bataillon, avenue d’Italie, 18.

« Paris, le 12 mai 1871. »


V


En rase campagne ils faisaient des prodiges de bravoure

Leurs traits de courage abondent dans les journaux du temps. Une citation au hasard du journal La Commune du 12 avril :

« Jeudi 6, au moment où le 28e bataillon de Saint-Ouen défendait la barricade du rond-point, un enfant, V. Thiebaut, âgé de quatorze ans, accourait à travers les balles donner à boire aux défenseurs. Les obus ayant forcé les fédérés à se replier, ils allaient sacrifier les vivres du bataillon lorsque l’enfant se précipite malgré les obus sur une pièce de vin qu’il défonce en s’écriant : Ils ne boiront toujours pas notre vin. » Au même instant, saisissant la carabine d’un fédéré qui vient de tomber, il la charge, ajuste et tue un officier de gendarmes. Puis, apercevant un fourgon attelé de deux chevaux dont les cavaliers venaient d’être blessés, il monte les chevaux et sauve le fourgon. — Eugène-Léon Vaxivière, âgé de treize ans et demi, a continué de servir à l’avancée de la porte Maillot, malgré sa blessure. »