accède qu’un à un, sous l’escorte de policiers ; toute parole est interdite, tout cri de souvenir séditieux. Un député fut expulsé de la Chambre pour avoir crié : Vive la Commune ! De même, il fallut trente ans pour obtenir à la Marseillaise une première amnistie, et l’histoire de la Révolution française ne fut un peu dégagée de la fange réactionnaire que vingt-cinq années après l’écrasement de la Révolution.
Vingt mille hommes, femmes, enfants tués pendant la bataille ou après la résistance, à Paris, en province ; trois mille au moins morts dans les dépôts, les pontons, les forts, les prisons, la Nouvelle-Calédonie, l’exil ou des maladies contractées pendant la captivité ; treize mille sept cents condamnés à des peines qui, pour beaucoup, ont duré neuf ans ; soixante-dix mille femmes, enfants, vieillards privés de leur soutien naturel ou jetés hors de France ; cent sept mille victimes environ, voilà le bilan des vengeances de la haute bourgeoisie pour la Révolution de deux mois du 18 Mars.
Ai-je voilé les actes, caché les fautes du vaincu ? Ai-je falsifié les actes des vainqueurs ? Que le contradicteur se lève, mais avec des preuves.
Les faits prononcent ; il suffit de les résumer pour conclure.
Qui a lutté constamment, souvent seul, souvent dans la rue, contre l’Empire, contre la guerre de 1870, contre la capitulation de 1871, sinon le peuple ?
Qui a créé la situation révolutionnaire du 18 Mars, demandé l’exécution de Paris, précipité l’explosion, sinon l’Assemblée rurale et M. Thiers ?
Qu’est le 18 Mars, sinon la réponse instinctive d’un