Page:Lissagaray - Histoire de la Commune de 1871, MS.djvu/49

Cette page a été validée par deux contributeurs.

guerre à elle, disait la camarilla. Le 7, l’homme le plus bête demande au roi de Prusse le retrait de la candidature Hohenzollern ; le Sénat trouve que c’est bien attendre et, le 9, déclare que l’empereur « peut conduire la France où il voudra, qu’il doit seul pouvoir déclarer la guerre. » Le 9, le roi répond qu’il approuvera si le Hohenzollern renonce ; le 10, Grammont exige une réponse plus catégorique, ajoute : « Après-demain serait trop tard. » Le 11, le roi attend, dit-il, la réponse du prince et il ajoute de son côté : « Je prends mes précautions pour ne pas être surpris. » Le 12, le prince a retiré sa candidature. « C’est la paix, dit Napoléon III, je le regrette, car l’occasion était bonne ».

La camarilla, consternée, de plus en plus folle de la guerre, entoure, presse l’empereur, n’a pas de peine à rallumer la torche. La renonciation du Hohenzollern ne suffit plus, il faut que le roi Guillaume signe lui-même un ordre. Les mamelucks l’exigent, vont interpeller le cabinet « sur ses lenteurs dérisoires. » Bismarck n’espérait pas cette aubaine ; sûr de vaincre, il voulait paraître l’attaqué. Le 13, Guillaume approuve sans réserve le désistement du prince. Qu’importe, on veut la guerre à tout prix aux Tuileries. Dans la nuit notre ambassadeur Benedetti reçoit ordre de demander au vieux roi qu’il s’humilie à défendre au Prussien de revenir sur sa renonciation. Guillaume répond qu’une nouvelle audience est inutile, qu’il s’en tient à ses déclarations et, rencontrant à la gare d’Ems notre ambassadeur, il lui répète ses paroles. Une dépêche pacifique annonce à Bismarck cette entrevue qui a été très courtoise. Il se tourne vers de Moltke et le ministre de la guerre : « Êtes vous prêts ? » Ils promettent la victoire. Bismarck travestit la dépêche, lui fait dire que le roi de Prusse a congédié purement l’ambassadeur de France, la publie en supplément de la Gazette de Cologne, l’expédie aux agents de Prusse à l’étranger.

L’impératrice et les mamelucks exultent bien plus encore que Bismarck. Ils tiennent leur guerre : « La Prusse nous insulte ! imprime aussitôt le Constitutionnel, passons le Rhin ! les soldats d’Iéna sont prêts. » Le soir du 14, des bandes dont la milice tient les cadres parcourent les boulevards vociférant : « À bas la Prusse ! à