Page:Lissagaray - Histoire de la Commune de 1871, MS.djvu/488

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
474
HISTOIRE DE LA COMMUNE DE 1871

imposait ses candidats, menaçait de résister à des élections contraires. Tout ce qui était République s’indignait : « Quand la France aura parlé il faudra se soumettre ou se démettre » ! ripostait, aux applaudissements de la France républicaine, Gambetta qui fut encore le cœur de la nation, multipliant les réunions, les appels, bravant les condamnations, les calomnies, la presse figariste. Que n’avait-il montré, contre les adversaires de la République, le même front pendant la guerre et aussi pendant la Commune où son poids eût fait pencher la province.

La victoire fut au courage républicain qui avait su se discipliner. Malgré préfets, magistrats, condamnations — il y en eut deux mille sept cents — les républicains l’emportèrent aux élections du 24 octobre 77 par une majorité de cent dix sept voix que les invalidations de candidats officiels devaient beaucoup accroître. De Broglie, qui écrivait de l’histoire sans y rien comprendre, voulait que Mac-Mahon résistât ; la nouvelle Chambre fit une commission de salut public, ordonna une enquête électorale, contraignit de Broglie à rentrer dans la coulisse. De là encore il gouvernait Mac-Mahon assez pour lui faire nommer un ministère de caporaux. La Chambre refusa de déposer le budget ; Mac-Mahon n’eut pas la fierté de se démettre ; il fit le blessé comme à Sedan et délégua Dufaure qui signa pour lui le revers.

La Chambre victorieuse débuta par amnistier tous ses amis condamnés depuis le 16 Mai. Elle ne pensa même pas à ceux de la Commune. Il n’y eut que le peuple pour s’en souvenir. L’Exposition universelle de 78 occupa d’abord toutes les activités ; mais en septembre, à l’anniversaire de la mort de M. Thiers, pompeusement préparé par des articles, des illustrations où l’ennemi de Paris était représenté en apothéose foulant aux pieds une Commune à face de guenon, le conseil municipal de Paris refusa d’envoyer une délégation. À Marseille, on combattit l’envoi de délégués « parce que M. Thiers avait été le bourreau de la Commune ». Dufaure répondit par trente-quatre condamnations, l’arrestation d’une foule de contumaces rentrés en France et l’interdiction du congrès socialiste international qui devait se tenir à Paris.